Journée internationale de la gentillesse :
pourquoi l’entreprise doit s’en préoccuper
			La Journée internationale de la gentillesse (3 novembre) révèle un paradoxe en entreprise : 58% des salariés ont besoin de bienveillance, mais 42% sont insatisfaits de leur manager.
Décryptage.
Chaque 3 novembre, la Journée internationale de la gentillesse célèbre une valeur universelle. Pourtant, dans le monde professionnel, cette journée passe largement inaperçue. Comme si la gentillesse était une qualité qui ne concernait pas l’entreprise.
Le paradoxe est pourtant frappant : 58% des salariés français privilégient une ambiance de travail bienveillante pour rester dans leur entreprise, et 44% citent la bonne entente avec leur manager comme facteur clé de rétention.
Dans le même temps, 42% des salariés ne sont pas satisfaits de leur manager actuel. 4 professionnels sur 10 !
Les chiffres parlent. Mais le système reste sourd.
Alors pourquoi la gentillesse reste-t-elle invisible en entreprise ?
Voyons ce que révèlent les études récentes, et comment vous, professionnels engagés et gentils, pouvez transformer cette qualité en véritable levier de leadership.
Qu’est-ce que la Journée internationale de la gentillesse ?
L’histoire du mouvement (1988-1998)
La Journée internationale de la gentillesse trouve ses origines au Japon en 1988, avec la création du Japan Small Kindness Movement. L’idée était simple mais puissante : encourager les petits gestes de bienveillance au quotidien pour créer une société plus humaine.
Le mouvement s’est rapidement étendu. En 1997, le World Kindness Movement voit le jour à Tokyo, regroupant des organisations de plusieurs pays. Un an plus tard, en 1998, la première Journée internationale de la gentillesse est célébrée simultanément dans plusieurs pays.
Aujourd’hui, elle est reconnue dans plus de 28 pays à travers le monde.
Une célébration mondiale méconnue en entreprise
Malgré cette reconnaissance internationale, la Journée de la gentillesse reste largement ignorée dans le monde professionnel. Pas de communication interne. Pas d’initiative spécifique. Pas même une mention dans la plupart des organisations.
Cette invisibilité en dit long sur la place accordée à la gentillesse en entreprise : une qualité personnelle sympathique, mais sans lien avec la performance ou le leadership.
C’est précisément cette perception qu’il faut déconstruire.
Découvrir l’histoire complète de la Journée internationale de la gentillesse
Pourquoi la gentillesse est ignorée en entreprise
La gentillesse perçue comme une faiblesse
Dans l’imaginaire collectif professionnel, la gentillesse est souvent associée à la complaisance, à l’effacement, voire à la naïveté.
Être gentil, ce serait accepter l’inacceptable. Ne pas savoir dire non. Manquer de fermeté.
Cette perception confond gentillesse et faiblesse. Elle ignore que la gentillesse peut être exigeante, lucide, stratégique. Qu’elle peut coexister avec des limites claires et une posture affirmée.
Mais tant que cette confusion persiste, les professionnels bienveillants continuent de s’excuser d’exister.
Un système qui valorise l’agressivité commerciale
Le monde de l’entreprise a longtemps célébré un modèle de leadership basé sur l’autorité verticale, la compétition interne et la capacité à « tenir la pression ».
Dans ce système, la gentillesse n’a pas sa place. Elle est même perçue comme un handicap.
Les professionnels qui excellent dans leur métier mais peinent à se vendre, qui détectent les dysfonctionnements mais n’osent pas les nommer, qui portent des idées brillantes mais attendent qu’on les sollicite, sont systématiquement désavantagés.
Le manque de codes pour transformer la bienveillance en leadership
Ce n’est pas parce qu’ils n’ont pas les compétences pour cela. C’est juste qu’ils ne maîtrisent pas les codes de la communication d’influence et de l’assertivité.
C’est là que se situe le véritable problème : les professionnels gentils ne manquent pas de valeur, ils manquent d’outils pour la faire reconnaître. Ils n’ont pas appris à structurer leur influence, à poser leurs limites avec fermeté, à porter leurs convictions avec impact.
Et leur gentillesse reste malheureusement invisible ou, pire, elle est exploitée.
			Les chiffres qui prouvent l’importance de la gentillesse au travail
58% des salariés privilégient la bienveillance (Robert Half 2023)
Selon une enquête Robert Half menée auprès de 1 000 salariés français en 2023, 58% privilégient une ambiance de travail bienveillante pour rester dans leur entreprise. 44% citent la bonne entente avec leur manager comme facteur clé de rétention.
Ces chiffres ne sont pas anecdotiques. Ils révèlent une attente profonde, souvent non satisfaite. Parce que dans le même temps, 42% des salariés déclarent ne pas être satisfaits de leur manager actuel.
L’écart entre l’attente et la réalité est abyssal !
Le leadership compassionné améliore la performance (Sustainability 2024)
Une étude publiée en 2024 dans la revue Sustainability, portant sur 225 travailleurs, démontre que le leadership compassionné améliore significativement le bien-être des collaborateurs, qui lui-même améliore l’engagement au travail.
L’effet est indirect mais puissant : la bienveillance ne crée pas directement la performance, elle crée les conditions du bien-être, qui lui-même génère l’engagement et la performance.
Autrement dit : la gentillesse structure la performance.
57% de réduction du turnover avec un bon manager (BCG 2024)
Selon une autre étude du Boston Consulting Group menée en janvier 2024 auprès de 11 000 salariés (dont 1 207 en France), le risque de départ chute de 57% quand la relation managériale est bonne.
57%. 
Plus de la moitié.
Ce chiffre à lui seul devrait suffire à convaincre les organisations de l’importance stratégique de la bienveillance managériale. Pourtant, les investissements dans le développement du leadership bienveillant restent marginaux.
			Le coût de l’absence de gentillesse en entreprise
82% d’épuisement professionnel
Selon une étude publiée en 2025 dans l’American Journal of Biomedical Sciences, 82% des employés expérimentent un épuisement professionnel significatif. Ce chiffre, issu des données DHR Global, concerne tous les secteurs d’activité.
L’épuisement professionnel n’est plus l’exception. Il est devenu la norme.
45% des employés en burnout cherchent à partir
Parmi les employés en situation de burnout, 45% cherchent activement un autre emploi (SHRM 2024). Le coût humain est évident. Le coût économique l’est tout autant : recrutement, formation, perte de compétences, baisse de productivité.
L’absence de bienveillance managériale a un prix. Et ce prix est considérable.
72% des managers bienveillants sont stressés faute de soutien
Voici un chiffre moins connu mais tout aussi révélateur : 72% des managers se déclarent stressés (contre 59% des collaborateurs), 63% se disent mentalement fatigués (contre 46%), et 52% déclarent que le manque de soutien rend leur fonction difficile.
Les managers bienveillants, ceux qui portent la charge émotionnelle de leurs équipes, sont eux-mêmes en souffrance. Parce que la bienveillance, dans la plupart des organisations, est à sens unique. On l’exige d’eux sans la leur offrir en retour.
			Comment célébrer la Journée de la gentillesse en entreprise (au-delà du 3 novembre)
La technique des 3 cercles d’impact
Célébrer la Journée internationale de la gentillesse en entreprise ne consiste pas à organiser un événement ponctuel. Il s’agit de mesurer concrètement l’impact que vous pourriez avoir si vous preniez vraiment votre place.
Je vous propose un exercice simple mais puissant : les 3 cercles d’impact.
Cercle 1 – Impact personnel : Listez 3 situations où votre retenue vous a fait passer à côté d’une opportunité (promotion, projet, reconnaissance).
Cercle 2 – Impact sur vos équipes : Identifiez 3 moments où votre silence a laissé perdurer un dysfonctionnement qui impactait vos collègues.
Cercle 3 – Impact systémique : Imaginez 3 changements que vous pourriez impulser dans votre organisation si vous osiez porter vos convictions.
Mesurer le coût de votre effacement
Prenons des exemples concrets :
Cercle 1 : « Je n’ai pas postulé à ce poste de direction parce que je trouvais ma candidature ‘prétentieuse' »
Cercle 2 : « Je n’ai pas alerté sur cette surcharge d’équipe par peur de passer pour une râleuse. Résultat : deux burn-out en six mois »
Cercle 3 : « Je pourrais alerter la direction sur la surcharge chronique avant que ça ne devienne ingérable pour tout le monde »
L’objectif de cet exercice : visualiser le coût réel de votre effacement. Pour vous, pour les autres, pour le système.
Votre silence a un prix. Pour vous. Pour eux. Pour votre organisation.
Passer de la gentillesse passive à la gentillesse stratégique
La gentillesse passive accepte. La gentillesse stratégique choisit.
La gentillesse passive se tait. La gentillesse stratégique nomme.
La gentillesse passive s’efface. La gentillesse stratégique s’affirme.
Célébrer la gentillesse en entreprise, c’est apprendre à transformer votre bienveillance en levier de leadership. Sans vous renier. Sans devenir dur. En devenant stratégique.
			Journée internationale de la gentillesse en entreprise : transformer la gentillesse en pouvoir
Qui sont les « gentils » en entreprise ?
Les « gentils » en entreprise, ce sont ces professionnels intègres, lucides et soucieux du collectif qui progressent souvent moins vite que les autres. Non par manque de compétences, mais parce qu’ils n’ont pas les codes de l’influence.
Ils excellent dans leur métier, mais peinent à se vendre. Ils voient les dysfonctionnements, mais n’osent pas les dénoncer. Ils ont des idées brillantes, mais attendent qu’on les sollicite.
Le monde de l’entreprise leur fait croire qu’ils sont « trop gentils » pour réussir. C’est faux. Ils sont gentils dans un système qui a oublié que la gentillesse était une intelligence.
Les valeurs dont le monde professionnel a besoin
La gentillesse n’est pas une valeur isolée. Elle s’accompagne d’un ensemble de qualités dont le monde professionnel a cruellement besoin :
L’intégrité : cohérence entre ce qu’on dit et ce qu’on fait, refus de la manipulation.
La lucidité : capacité à voir la réalité sans la déformer, détection des signaux faibles.
L’empathie : comprendre l’autre sans se perdre soi-même, considération de l’impact humain des décisions.
Le courage : oser prendre la parole malgré l’inconfort, défendre ses valeurs face à la pression.
L’authenticité : rester soi-même sans jouer de rôle, refuser les postures artificielles.
Ces valeurs ne sont pas des « nice to have ». Ce sont des « must have » pour la survie et la prospérité des organisations.
Notre responsabilité collective pour un leadership plus humain
Nous, les gentils, avons une responsabilité : arrêter de subir ce système et commencer à le transformer.
En devenant stratégiques sans devenir durs. En imposant nos propres valeurs, sans adopter leurs codes toxiques. En parlant avec impact, sans rester dans l’ombre de ceux qui parlent fort.
Chaque fois que vous prenez la parole avec justesse, vous autorisez un autre gentil à faire de même. 
Chaque fois que vous posez vos limites avec respect, vous montrez que c’est possible. 
Chaque fois que vous portez une vision humaniste avec fermeté, vous faites bouger les lignes.
Le changement ne viendra pas d’en haut. Il viendra de vous, collectivement, un geste à la fois.
Le manifeste des gentils
La règle d’or : la gentillesse doit être réciproque
Pourquoi la bienveillance à sens unique épuise
72% des managers se déclarent stressés. 63% se disent mentalement fatigués. 52% déclarent que le manque de soutien rend leur fonction difficile.
Ces chiffres révèlent une réalité simple : la bienveillance ne peut pas être à sens unique. Si vous donnez sans recevoir, vous vous épuisez.
La gentillesse sans réciprocité n’est pas durable. Elle mène au sacrifice personnel, au ressentiment, à l’épuisement.
Les 3 points de vigilance pour les professionnels gentils
Point 1 : Votre gentillesse ne doit jamais se transformer en sacrifice personnel. Si vous vous épuisez à force de donner, vous ne servez plus personne.
Point 2 : Un environnement qui exige votre gentillesse sans la valoriser est toxique. Identifiez les signes : on sollicite votre aide mais on ignore vos besoins, on apprécie votre disponibilité mais on ne reconnaît pas votre contribution.
Point 3 : La réciprocité n’est pas négociable. Vous méritez autant de soutien que vous en donnez. Ce n’est pas de l’égoïsme, c’est de la préservation.
Comment exiger le respect sans renier vos valeurs
En pratique, cela signifie : avant de donner, vérifiez que vous recevez. Avant d’écouter, vérifiez qu’on vous écoute aussi quand vous parlez. Avant de vous effacer, vérifiez qu’on vous voit.
Exiger la réciprocité, ce n’est pas renoncer à votre gentillesse. C’est la structurer pour qu’elle soit durable.
			Pour aller plus loin : 3 questions de coach
Avant de passer à l’action, prenez le temps de vous poser ces questions. Elles vous aideront à identifier précisément où vous en êtes et quels leviers actionner en priorité.
Question 1 : Repensez à la dernière fois où vous vous êtes effacé(e) par « gentillesse ». Quel a été l’impact réel sur vous, sur votre équipe, et sur le résultat final ? Notez les faits, sans jugement.
Question 2 : Si vos collègues décrivaient votre posture professionnelle en toute franchise, diraient-ils que vous êtes « trop gentil(le) » ou « stratégiquement bienveillant(e) » ? Quelle différence cela fait-il dans la manière dont on vous perçoit et dont on vous traite ?
Question 3 : Quel est le premier geste concret que vous pourriez poser cette semaine pour célébrer la gentillesse en entreprise ? Un geste qui vous rende visible et qui affirme vos valeurs.
Ces questions vous invitent à transformer votre gentillesse en leadership authentique pour que vous preniez enfin votre place sans vous renier.
A retenir : La gentillesse, une nécessité stratégique
La Journée internationale de la gentillesse, célébrée chaque 3 novembre, révèle un paradoxe professionnel : les salariés aspirent massivement à la bienveillance, mais les organisations continuent de l’ignorer.
Ce paradoxe a un coût. 
Humain d’abord : épuisement, turnover, désengagement. 
Économique ensuite : perte de talents, baisse de performance, climat toxique.
Le monde professionnel a besoin de votre gentillesse lucide, de votre éthique intransigeante, de votre capacité à voir l’humain derrière les chiffres. Il a besoin que vous preniez votre place. Pas demain. Maintenant.
La gentillesse n’est pas de la faiblesse déguisée. C’est de la force qui refuse de faire mal. À nous de le prouver, ensemble.
Pour aller plus loin
Besoin de prendre votre place et d’affirmer votre gentillesse stratégique ?
Sources :
(1) Robert Half France, « Ce que veulent les salariés en 2023 », enquête auprès de 1 000 salariés français, 2023
(2) Boston Consulting Group (BCG), « Rétention des talents : 24% des salariés français ne se projettent pas dans leur entreprise à horizon un an », enquête auprès de 11 000 salariés dont 1 207 en France, janvier 2024
(3) Jacobs, C., PhD, DBA, « Compassion in Leadership: Do You Lead with Heart? », American Journal of Biomedical Sciences, 2025
(4) Pansini, M., Buonomo, I., Benevene, P., « Fostering Sustainable Workplace Through Leaders’ Compassionate Behaviors: Understanding the Role of Employee Well-Being and Work Engagement », Sustainability, Vol. 16, Issue 23, Article 10697, 2024
(5) Innovation Managériale, « En management, la bienveillance ça va dans les deux sens ! », 2024
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Un article qui remet intelligemment en lumière une qualité souvent sous-estimée dans le monde professionnel.
L’approche est juste, nuancée et réaliste, elle relie bien-être individuel et performance collective sans tomber dans la naïveté.
Une lecture qui fait du bien et qui, surtout, donne matière à réflexion sur notre manière d’interagir au travail.
Merci Sabine pour votre commentaire bienveillant. L’équilibre entre le bien être individuel et la performance collective est en effet la clé de voute.
J’ai adoré cet article ! Enfin quelqu’un qui met la gentillesse au cœur de la stratégie d’entreprise, pas juste comme joli mot d’accueil à l’entrée, mais comme levier concret de management : ça remotive. Merci pour cet éclairage qui nous rappelle que l’empathie n’est pas “une option douce” mais un pilier sérieux de leadership !
Les études sont sans équivoques : c’est en effet un pilier de leadership. Celui dont nous avons besoin pour accompagner la montée en puissance de l’IA.
Merci pour ce regard sur la gentillesse, souvent vue comme faiblesse dans le monde de l’entreprise. Notre monde a beaucoup à y gagner !
Oui, j’en suis également convaincue !
C’est un plaisir de découvrir ton blog par le biais de cet article. Ce texte résonne bien avec ce que je constate chaque jour dans l’accompagnement des salariés en quête de sens ou de reconnaissance. La gentillesse n’est pas un “plus” émotionnel : c’est une compétence relationnelle qui stabilise les équipes, nourrit la confiance et prévient l’épuisement professionnel.
Et c’est vrai, le monde du travail a besoin de plus de leaders et de collaborateurs bienveillants, pas de moins ! 🌿
Merci pour ce bel article sur la gentillesse dans un milieu professionnel, je me suis reconnu dans ton discours. La gentillesse, l’empathie, la lucidité, la bienveillance sont pour moi des qualités indispensables pour un manager, souvent peu compatible avec « l’agressivité » inhérente à l’environnement professionnel. Ca fait du bien d’avoir une approche construite de cette qualité pour promouvoir une meilleure vie au travail. Je découvre ton blog, je vais plonger avec plaisir dans la lecture des autres articles ! Merci !
Je n’hésiterai pas à envoyer ton article à mon manager. Clairement tout est dit ! D’un point de vue « productivité » c’est certain le système autoritaire marche très bien grâce à la peur.. mais aujourd’hui les codes ont bien changés et les études le montre bien qu’un salarié heureux produit davantage et de meilleurs qualité. Mais certaines institutions ne prennent pas le tournant c’est dommage .. Merci pour cette mise en lumière de ce sujet si important !